Nous avons vu dans les articles précédents les avancées et les évolutions positives qui résultent de la réforme de la formation professionnelle de 2018 et avons également souligné les limites et les difficultés qui subsistent.
Nous allons conclure ce cycle par une question fondamentale pour notre économie nationale et déterminante pour l’offre de formation. Il s’agit de la formation à l’informatique et au numérique notamment en direction de celles et de ceux qui en sont encore très éloignés.
En référence à notre expérience une formation réussie dans le domaine de l’informatique et du numérique doit présenter une série de caractéristiques dont voici quelques-unes.
La mise à jour régulière des contenus et la refonte des programmes chaque fois que cela s’avère nécessaire. Ceci est indispensable car dans le domaine de l’informatique les technologies évoluent à un rythme soutenu et seule une veille constante peut permettre de conserver aux formations leur opérationnalité. Mettre à jour les programmes de formation permet d’intégrer les dernières avancées dans le domaine de l’informatique et du numérique.
La nécessité de concevoir et de mettre en place des programmes de formation flexibles. Seule, une réelle flexibilité des programmes permet aux formatrices et aux formateurs d’adapter leurs interventions aux différents niveaux de compétence et aux rythmes des apprenants. Dans de nombreuses situations le « déclic » qui permet à un apprenant de devenir autonome ne se fait pas au même moment pour tous les membres du groupe en formation.
L’importance de la place que doivent prendre les compétences pratiques et l’absolu nécessité de réaliser un ou plusieurs projets pratiques dans le cadre d’une formation donnée. Les mises en situation sont en effet un atout qui permet aux apprenants d’appliquer les connaissances théoriques dans des situations réelles.
Dans la conception des programmes il est important de collaborer avec des entreprises et de concevoir toutes les applications pratiques à partir de cas réels du secteur concerné et/ou de l’entreprise partenaire. Ce travail en mode projet avec des entreprises permet de renforcer considérablement l’apprentissage.
La liste des « ingrédients du succès » est longue, ajoutons la nécessité de susciter et de développer chez les apprenants l’esprit critique et le sens éthique. De même il est du devoir des organismes de formations de veiller à avoir une démarche inclusive, à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes et à attirer des personnes de différents milieux en tenant compte de leurs éventuelles spécificités.
Mais si ce qui précède s’applique aux publics ayant de solides prérequis, la tâche est plus ardue, mais très gratifiante, lorsqu’il s’agit de personnes en situation d’illectronisme, à savoir celles qui rencontrent des difficultés avec les outils numériques.
Une approche résolument inclusive et adaptée à ce public doit alors être mise en œuvre.
Elle commence par une évaluation fine des besoins spécifiques de chaque personne en matière de compétences numériques. Cette évaluation doit être faite de manière non scolaire et tenir compte des freins et des difficultés de chaque personne. Les entretiens individuels sont à cet effet absolument indispensables.
Dans la communication autour de la formation comme dans le déroulement de celle-ci l’accent doit être mis sur les multiples usages du numérique et sur les avantages concrets qu’il offre une fois que l’on en maitrise les usages. En ce sens la maitrise des usages de base de l’informatique et du numérique devient une compétence à visée fonctionnelle comme le sont d’autres compétences (lire, écrire et compter, se repérer dans l’espace, conduire une automobile etc.).
Il est important avec ce public de respecter le rythme de progression de chaque apprenant et d’utiliser des scénarios de la vie quotidienne pour rendre la formation plus parlante.
Enfin, pour les équipes pédagogiques ce type de formation est très enrichissant, car mettre l’informatique à la portée de ceux qui en sont très éloignés nécessite un professionnalisme sans failles et une authentique éthique de la responsabilité.
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